Vœux 2024 pour Villeneuve-de-la-Raho

Le texte suivant nous a été envoyé par une habitante de Villeneuve-de-la-Raho, opposée au projet de création d’un club de golf.

Préambule

Voilà le texte que j’avais écrit pour les vœux de Villeneuve-de-la-Raho.
Je n’ai pas pu le dire le moment venu, car je m’y étais prise un peu tard et j’étais seule.
J’avais très peur (Mme Irles vous envoie les « flics » pour moins que ça), mais aussi parce que j’ai vite compris que cela n’aurait aucune portée.
Sa présence imposante, la force de conviction qu’elle dégageait pour dire des bêtises et des mensonges, les superlatifs pour décrire des choses insignifiantes, devant un public majoritairement de vieux qui étaient venus surtout pour manger la galette, m’ont laissé sans voix.
Par moment j’étais déstabilisée, tant mon savoir ne correspond pas à son monde.
J’oscillais entre la peur, la colère, le désarroi, mais aussi le rire tellement elle était ridicule à mes yeux, surtout quand elle a parlé du golf en simulant un léger évanouissement avec un trémolo dans la voix… J’avais l’impression de vivre l’allégorie de la caverne de Platon.
En rentrant, j’ai pleuré…


Discours pour les vœux 2024 Villeneuve-de-la-Raho

Bonjour, je suis professeur, formatrice et vulgarisatrice, dans les domaines du sport, de la culture, de l’animation, de la communication, et, de l’écologie.
J’aimerais vous offrir pour cette nouvelle année quelques extraits de formation qui pourraient vous éclairer sur notre territoire.
Je ne vais pas vous parler de tout (les 9 limites planétaires, la fin des ressources, les constats d’effondrement des rapports Handy et Meadows) mais juste un focus sur l’eau et surtout les sols, puis une petite parenthèse économique et psychologique.

Donc sur l’eau. Le dernier rapport du GIEC nous indique que le pourtour méditerranéen est une des régions les plus impactées par le réchauffement climatique et que nous serons en stress hydrique sévère permanent dès… 2025. De moins en moins de neige et de pluie, mais aussi un débit inadéquat pour remplir les nappes phréatiques : trop faible ou trop dense, l’eau ne s’infiltre pas, elle s’évapore ou ruisselle.

J’en viens donc au sol. Beaucoup de gens ne le savent pas mais le sol ce n’est pas juste de la terre, mais une petite couche de terre vivante remplie de micro-organismes et de micro-faune. Celui-ci a de multiples vertus : il capte et achemine l’eau, capte le CO2, crée la vie. Sans lui pas d’abri et de nourriture pour les animaux, pas d’agriculture, pas d’arbres, qui sous forme de forêt, par évapotranspiration augmente d’environ 7 % la pluviométrie. Qu’est-ce qui tue les sols ? Les causes principales sont les intrants chimiques, tout ce qui est en « cide » : pesticides, herbicides, fongicides, etc. Mais surtout l’artificialisation.

C’est pourquoi a été créée en 2021 la loi Climat et résilience et le ZAN, Zéro Artificialisation nette en 2050. Ce qui ne veut pas dire on bétonne jusqu’en 2050 et après on s’arrête, mais qu’il faut le faire de moins en moins, et ce, en référence à 2011.
Malheureusement, cette loi n’est pas suivie, majoritairement par les territoires près des littoraux comme les PO. Au lieu de suivre une courbe descendante, c’est le contraire, et ce sans nécessité absolue. C’est donc un gros problème pour le cycle de l’eau, le captage du CO2, la biodiversité et la résilience du territoire en matière alimentaire. Qu’est-ce que la résilience des territoires ? La capacité qu’ils ont à encaisser les chocs à venir. En matière alimentaire, nous allons être, comme tous les pays riches dépendant fortement de l’import/export, très impactés par la contraction de l’économie liée à la déplétion du pétrole. Lors d’une étude de 2018 sur la PMM, il n’y avait que 355m2 de surface agricole par habitant alors qu’il en faudrait, avec notre régime alimentaire actuel, 4000m2

Alors, quelles sont les solutions ? Il y a celles préconisées par la PMM qui sont biens, mais j’ai peur qu’elles soient un peu tardives, elles ne couvrent pas tous les besoins actuels et donc encore moins ceux à venir s’ils s’accroissent, et ils ne prennent pas en compte la montée des eaux de la méditerranée, le fait que comme il y aura moins d’eau, il y aura moins d’eaux usées et la biodiversité qui s’est créée autour de celles-ci. Il y a aussi les solutions plus naturelles, c’est-à-dire une renaturation massive et la mise en place à grande échelle de l’agro-écologie.

Tous ceci m’a amené à m’interroger sur le projet de la ZAC golfique. Quand on monte un projet, en général on évalue la balance entre les bénéfices et les risques. Je n’ai pas beaucoup d’informations, mais j’ai cherché les bénéfices. J’ai été sur un site de données sur les entreprises, il y a une cotation de A à E. Pour la ZAC golfique, la performance en matière sociale, fiscale et territoriale est C, la capacité de l’entreprise à créer de l’emploi est D. Personnellement je pense que les risques sont plus importants que les bénéfices, et que donc que ce projet est voué à la faillite.

J’en viens maintenant à la psychologie. Il y a un problème d’exemplarité : Comme pour les émissions de GES, pourquoi moi qui émets entre 4 et 10 tonnes de CO2 je ferai l’effort pour atteindre 2 tonnes alors que les plus riches en émettent entre 3 000 et 30 000 ? La même chose ici pour l’eau, pourquoi ferai-je un effort en me lavant les dents ou avec ma piscine si des projets gourmands en eau perdurent et sont créés sur le département ? Les gens se disent « ça ne sert à rien de faire quoique ce soit » – ou – « en réalité, ce n’est pas si grave, ils nous mentent ! » Bref, le problème d’exemplarité accentue l’inaction du plus grand nombre et la défiance envers les politiques.

Alors après toutes ses constatations, pourquoi tant d’obstination ? Analysons le cas de Mme Irles. Ancienne aide comptable, elle rentre en politique, ce qui est plus confortable financièrement, et l’apogée est quand elle devient députée. Elle vit un rêve, côtoie les plus influents, les plus riches, voyage à l’étranger, etc. Elle est à l’Assemblée sous le mandat de Nicolas Sarkozy, celui que l’on surnomme le président « bling bling ». Suite à cela, elle ne conçoit pas de redescendre et fera tout pour reproduire ce faste d’antan. Elle veut faire de Villeneuve « Villeneuve Premium », « Villeneuve Bling bling », le petit Neuilly de Perpignan. Pour cela il faut faire une sélection par le prix – un coût de l’immobilier élevé – et des activités que l’on attribue généralement aux « riches » c’est-à-dire l’équitation, le tennis et le golf… Sauf que tout cela ne correspond pas à la réalité, c’est une utopie. Les « riches » ne sont pas intéressés par les PO, éventuellement s’ils viennent ici, ils vont préférer un Mas, des villages et demeures de caractère, du patrimoine. Pas des pavillons de banlieue dans un village dortoir de plus en plus moche. Les « investisseurs » qui croient en cette utopie y « perdent des plumes », des commerces se montent et font faillite 2/3 ans après, des biens ne se revendent ou ne se louent pas.

Voilà, j’espère vous avoir éclairé sur la réalité de Villeneuve et pour conclure, l’année 2024, ainsi que les suivantes, ne seront ni paisibles ni sereines, alors je vous souhaite une bonne résilience !

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